Éléphant blanc (expression)

Page d’aide sur l’homonymie

Pour les articles homonymes, voir Éléphant blanc.

La Compagnie britannique impériale d'Afrique de l'Est considéra l'Ouganda comme un « éléphant blanc » lorsque des conflits internes éclatèrent en 1892 au point de l'empêcher d'administrer le pays.

Un éléphant blanc est une réalisation d’envergure prestigieuse qui s’avère en définitive plus coûteuse que bénéfique et dont l’exploitation ou l’entretien devient alors un fardeau financier.

Origine de l'expression

On trouve en Inde, pays où le bouddhisme est apparu, des éléphants blancs. Or la veille de la naissance de Bouddha, sa mère aurait rêvé d’un tel éléphant. À partir de ce récit, s’est développée une sacralisation des éléphants blancs. Il n’était notamment pas permis de les faire travailler. En outre, les éléphants blancs sont devenus des cadeaux prestigieux que les princes de l’Inde s'offraient mutuellement. Et pour les moins nantis de ces princes, recevoir un tel présent n’allait pas sans poser de problème, car entre l’obligation de bien traiter l’animal et l’interdiction de le faire travailler, sa possession pouvait se révéler dispendieuse.

Caractéristiques d'un « éléphant blanc »

Aujourd'hui, l’expression s’emploie dans un sens large. Elle concerne des réalisations de nature pratique mais inefficaces économiquement, ou bien des réalisations fantaisistes, voire irrationnelles. Dans tous les cas, l’éléphant blanc entraîne des coûts élevés tant pour sa réalisation, son exploitation ou encore son entretien.

Il convient cependant de noter que l'expression, à connotation péjorative, désigne aussi des travaux qui n'aboutissent jamais et qui sont des échecs techniques ou économiques. Ainsi, l'éléphant blanc se distingue par divers traits :

  • l'inutilité pratique de la réalisation est évidente dès le début. La connaissance de cette inutilité étant difficilement démontrable, toute liste « officielle » de projet de type éléphant blanc reste discutable.
  • l'entretien est une charge financière évidente et cette évidence la rend désagréable (ce n'est donc pas « l'entretien d'une danseuse[1]» qui procure du plaisir à celui qui dépense).
  • il n'est plus possible de se débarrasser de la réalisation, en général pour des motifs de fierté ou de prestige (les chantiers brutalement interrompus lorsque leur coût explose ou que leur utilité disparaît n'entrent donc pas dans cette catégorie).

Réalisations désignées comme des « éléphants blancs »

Constructions

Le centre commercial New South China Mall vide.
  • Le Palais de justice de Bruxelles, avec une surface au sol de 26 000 m2, qui est vide à 70 % et dont la campagne de rénovation commencée dans les années 1980 n'est toujours pas terminée.
  • Le palais du Parlement de Bucarest, avec sa surface habitable de 350 000 m2, qui est également vide à 70 % depuis plus de 40 ans ;
  • L'hôtel Ryugyong de Pyongyang.
  • La Cité de la culture de Galice, à Saint-Jacques-de-Compostelle, un centre culturel dont deux édifices restent inachevés. Ayant dépassé de quatre fois son budget et n'attirant pas suffisamment de visiteurs, les travaux furent arrêtés en 2013.
  • Le New South China Mall de Dongguan en Chine, qui à son ouverture en 2005 était le plus grand centre commercial au monde, mais vide à 98 %.
  • Le pont de l’île Rousski (Russie), le plus long pont à haubans du monde depuis son inauguration en 2012, connecte une île de seulement 5 000 habitants au continent.

Aéroports

Installations sportives

Véhicules

  • Le paquebot transatlantique britannique SS Great Eastern.
  • L'hydravion à coque américain Hughes H-4 Hercules.
  • L'avion à effet de sol soviétique KM (ekranoplan).
  • Le Concorde[10], lancé dans un contexte d’économie développée (comme le paquebot France).
  • Les sous-marins nucléaires d'attaque américains Classe Seawolf (seulement trois exemplaires construits sur les 29 prévus).
  • Le F-35 Lightning II de Lockheed Martin, avion multirôle et interarme, censé être aussi économique que son prédécesseur (le F-16), mais dont la dérive du projet en fait un des programmes les plus onéreux de l'armée américaine, sans que les performances escomptées soient au rendez-vous[11].

Les exemples abondent aussi dans des pays à « économie planifiée » ou dans les pays du Sud, par exemple au Togo où l'expression a été reprise dans la presse francophone[12].

Notes et références

  1. « Le dictionnaire des expressions : entretenir une danseuse »
  2. « Mirabel, la naissance d’un éléphant blanc », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  3. (en) Gary Stoller, « St. Louis' airports aren't too loud: They're too quiet », USA Today, 9 janvier 2007.
  4. Stade olympique - Plus qu'un toit - Jean-Robert Sansfaçon, Le Devoir, 28 septembre 2010
  5. « Centre Vidéotron : la Ville perd des millions », sur La Presse+, (consulté le )
  6. « VIDÉO - Grenoble 1968 : que reste-t-il du tremplin olympique de Saint-Nizier-du-Moucherotte ? », sur France Bleu, (consulté le )
  7. « Le mythe du pays du football démonté », sur Libération, (consulté le )
  8. « Paris 2024 : comment éviter l'arrivée des « éléphants blancs » ? », sur usbeketrica.com (consulté le )
  9. Franck, « Les éléphants blancs ne poussent pas qu'à l'étranger - surlatouche.fr », surlatouche.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Concorde, c’est fini, RFI, 10/4/2003.
  11. (en) « F-35 looking more like white elephant », sur Agence France-Presse, (consulté le )
  12. « Un petit éléphant blanc pour le ministre Adji Otèth Ayassor ? », Le Temps, 6/4/2014.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Notices d'autoritéVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • GND
  • icône décorative Portail de l’architecture et de l’urbanisme