Manie dansante

Illustrations d'un ouvrage de J.-M. Charcot et Paul Richer, 1887.

La manie dansante, chorémanie, ou encore épidémie de danse de Saint-Guy, est un phénomène d'hystérie collective qui a principalement été observé en Allemagne et en Alsace entre le XIVe et le XVIIIe siècle. Un groupe de personnes se mettaient subitement à danser de façon incontrôlée et étrange. Ce mal affectait aussi bien des hommes, des femmes ou des enfants, qui se mettaient à danser jusqu'à s'écrouler de fatigue et continuaient à se tortiller même une fois à terre.

Recensements du phénomène

Plusieurs manifestations importantes de manie dansante ont été répertoriées au cours des siècles, notamment le à Erfurt[1], le aux Pays-Bas et/ou à Aix-la-Chapelle, en 1417 et 1418 en Alsace[1], et en 1518 à Strasbourg, où elle aurait concerné les femmes[1] (voir l'article Épidémie dansante de 1518). D'autres cas furent répertoriés à travers toute l'Europe comme aux Pays-Bas, à Cologne, ou à Metz.

Le journal Le Monde indique que l'épidémie de Strasbourg de 1518 « est l'une des mieux documentées. C'est même la seule à avoir pu être reconstituée aussi précisément. […] Au total, une vingtaine d'épisodes comparables ont été rapportés entre 1200 et 1600. Le dernier serait survenu à Madagascar, en 1863 »[2].

Selon la tradition[1], cette épidémie, attribuée alors à l'influence du diable, serait apparue au Ve siècle « dans les couvents et chez les ermites ». La chapelle de Saint-Guy (Vitsgrotte) à Saverne était un lieu de pèlerinage pour les malades atteints de cette affection.

La danse de Saint-Guy par Hondius d'après Brueghel, 1642.

Auguste Stoeber mentionne à ce sujet[1] des rimes de Kleinlawel[Qui ?] issues de la Chronique de Strasbourg :

Une étrange maladie en ce temps
A envahi le peuple
Beaucoup de gens, par folie
Se sont mis à danser
Tout le jour et la nuit
Sans repos
Jusqu'à en tomber évanouis
Plusieurs en sont morts.

Le terme de « danse de Saint-Guy » était passé dans le langage courant sous forme d'imprécations, et on disait par exemple « La danse de Saint-Guy te prenne le ventre et le nombril ! ».

Paracelse nomma cette maladie « chorée » et refusa de mêler ces manifestations à saint Guy ou de dresser tout autre lien religieux.

Dans la littérature anglophone, la manie dansante ou danse de Saint-Guy est appelée « danse de Saint-Vitus », un autre nom du même saint.

Notes et références

  1. a b c d et e Auguste Stoeber, Légendes d'Alsace, collecte choisie et présentée par Françoise Morvan, Éd. Ouest-France, 2010 (ISBN 978-2-7373-4850-1).
  2. Cabut 2014.

Voir aussi

Bibliographie

  • Madeleine Braekman, « La dansomanie de 1374 : hérésie ou maladie ? », Revue du Nord, vol. 249, no 63,‎ , p. 339-355 (lire en ligne)
  • (en) John Waller, The Dancing Plague : The Strange, True Story of an Extraordinary Illness, Sourcebooks, 278 p. (ISBN 1402219431).
  • (en) John Waller, A Time to Dance, a Time to Die : The Extraordinary Story of the Dancing Plague of 1518, Icon Books Ltd, 267 p. (ISBN 1848310218).
  • Sandrine Cabut, « Lorsqu'en 1518, les Strasbourgeois se mirent à danser jour et nuit », Le Monde, .
  • John Waller, Les danseurs fous de Strasbourg, La Nuée Bleue, , 224 p. (ISBN 978-2-7107-8897-3).
  • Jean Teulé, Entrez dans la danse, Paris, Julliard, , 153 p. (ISBN 978-2-260-03011-9).

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Rethinking the Dancing Mania
  • (en) Etiology of the Dancing Plague
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