Temple romain d'Izernore
Destination initiale | temple |
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Destination actuelle | vestiges archéologiques |
Style | gallo-romain |
Construction | Ier siècle (premier temple) |
Propriétaire | commune |
Patrimonialité | Classé MH () |
Département | Ain |
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Commune | Izernore |
Coordonnées | 46° 13′ 24″ N, 5° 33′ 31″ E |
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Le temple romain d'Izernore est un ensemble religieux gallo-romain en ruines, situé dans la commune d'Izernore dans le département français de l'Ain en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ce ensemble cultuel se compose de deux temples qui se succèdent à environ un siècle d'intervalle au même emplacement, le second réutilisant certaines structures du premier. Les vestiges encore visibles en élévation appartiennent au second monument qui fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840 et qui est, en outre, le seul vestige antique visible en élévation dans tout le département.
Localisation
Le temple se situe à environ 500 m au nord-nord-est du chef-lieu communal d'Izernore, à l'altitude de 461 m. Il est implanté sur l'extrême rebord du plateau qui regarde à l'est la vallée du bief d'Anconnans.
Dans la géographie antique, il se trouve dans la partie orientale de la cité gallo-romaine, elle-même étant implantée au nord-ouest de la ville médiévale puis moderne[1].
Historique
Chronologie du temple
La date de construction du premier temple, assez mal caractérisée par les enduits peints, pourrait se situer sous la dynastie flavienne (seconde moitié du Ier siècle apr. J.-C.)[2].
De la même manière, l'époque de construction du second temple n'est pas connue, mais elle est obligatoirement postérieure à la phrase précédente ; elle commence potentiellement à la fin du Ier siècle pour s'étaler pendant tout le IIe siècle[3].
Le temple, comme l'ensemble de l'agglomération antique, semble être abandonné à la fin de l'Antiquité ou au tout début du Moyen Âge[1].
Découverte, études et fouilles
Dès le début du VIe siècle, des textes mentionnent la présence de ce monument, alors ruiné[4]. Plus tard, en 1650, 1706 et 1720, les vestiges visibles du temple sont décrits par plusieurs érudits locaux, nommés Samuel Guichenon, Echenod et de Veyle. Il s'agit de trois colonnes de marbre, et de la base d'une quatrième.
Les premières fouilles datent de 1784[4] par Thomas Riboud.
Le site est classé en 1840[5]. En 1863, à la demande du préfet de l'Ain, les fouilles reprennent et sont financées à hauteur de 3 000 francs par l'État et le Conseil général. En 1910 est aménagée la clôture de protection du site. La publication moderne de l'édifice est par la suite effectuée sous la direction de Raymond Chevallier, avec l'aide du Groupe archéologique du Touring club de France, dans un article intitulé « Cinq années de recherches archéologiques à Izernore » (1968)[6].
Description
Dès les premières fouilles, il apparaît que deux temples se sont succédé au même emplacement.
Premier temple
Le premier temple, mesurant au minimum 15 × 17,50 m[7], paraît avoir la forme d'un édifice de plain-pied, entouré d'une colonnade périphérique[8], peut-être d'ordre corinthien[2]. Seules les fondations, larges d'environ 0,95 m et quelques assises de l'élévation demeurent en place ce qui, conjugué au bouleversement du terrain consécutif à la construction du second temple, ne permet pas d'en proposer une restitution[7].
Il est vraisemblablement décoré de fresques peintes. Les éléments retrouvés permettent de recomposer un panneau blanc encadré d'une large bande rouge vermillon bordée de motifs géométriques[9].
Second temple
Le deuxième édifice, dont les vestiges sont encore visibles, est reconstruit sur les fondations du premier ; ses dimensions sont plus grandes et son plan différent : il s'agit d'un temple périptère sur podium, comportant un large escalier frontal dans sa partie orientale. Ses dimensions totales, sans compter l'escalier dont la taille ne peut être précisément évaluée, sont d'environ 19,20 × 22,60 m.
Le massif de maçonnerie supportant le mur de la colonnade mesure 1,80 m de large, laissant présager une élévation particulièrement robuste.
Sa cella mesure 7,80 × 12,80 m. Cette cella n'occupe une position centrée dans le temple : elle est plus proche de la colonnade de façade (3,25 m) que des trois autres côtés (4,80 m) ; cette disposition est peut-être due à l'intégration des maçonneries du premier temple[10]. En outre, ses murs ont été restaurés sur une largeur de 0,50 m mais leur largeur initiale était certainement supérieure[11]. Le sol de la cella était probablement réalisé en opus tessellatum.
Les trois piliers sur plan carré qui subsistent sont les vestiges de la colonnade périphérique dont ils marquent les angles, et sont réalisés en calcaire d'une grande dureté ; les faces internes de ces piliers sont pourvus de demi-colonnes engagées. Entre les quatre piliers angulaires, la façade et l'arrière du temple se composent de six colonnes, les grands côtés en comptant sept[N 1]. Les chapiteaux surmontant ces colonnes et piliers sont sans doute corinthiens d'après les rares vestiges retrouvés, et sculptés dans une roche moins dure que le tronc des colonnes, dont le calcaire se travaille difficilement[11].
Les vestiges ne permettent pas de proposer une restitution unique du temple dans son élévation : il peut s'agir d'un temple dont la cella est plus haute que la toiture de la galerie, comme dans la plupart des fanums, ou d'un édifice dont l'architecture générale se rapproche davantage d'un temple romain classique, avec une toiture à deux pans et un fronton monumental, comme la Maison carrée de Nîmes[11].
- Vue d'ensemble du sud.
- Le temple.
- Pilier d'angle.
- Blocs de maçonnerie et tambour de colonne.
Divinité vénérée
La tradition attribue ce temple à la divinité romaine Mercure, sur la base d'une inscription votive portant son nom découverte en position de réemploi dans le mur d'un presbytère voisin[13]. D'autres, en raison de la toponymie des lieux voisins, mentionnant un Champ de Mars[14],[15] et sur la base d'une inscription découverte dans un village proche[16], y voient un temple dédié au dieu de la guerre. Enfin, la découverte d'un fragment d'une statue en bronze identifié d'abord comme un doigt de femme, fut la source de débats quant à l'éventuelle identité de la divinité vénérée. Izernore fut brièvement, au XIXe siècle et au début du XXe siècle, une hypothétique localisation pour le site de la bataille d'Alésia[17].
Contexte archéologique
Aux abords du temple, les fouilles ont révélé un réseau serré d'aqueducs et d'égouts mais également une « chambre de captage de l'eau de la nappe phréatique », puis en 1863, deux hypocaustes ont été découverts.
Le temple est le seul vestige du passé gallo-romain d'Izernore et c'est le seul monument de cette époque visible en élévation dans le département. Des grillages de protection ont été placés autour du site afin d'éviter tout pillage et l'effondrement des trois colonnes restantes.
Notes et références
Notes
- ↑ Cette disposition se démarque de la reconstitution de Balthazar-Augustin Hubert de Saint-Didier qui envisageait huit colonnes sur chacun des grands côtés du temple[12].
Références
- ↑ a et b Alain Melo, « Voies anciennes dans les montagnes du département de l’Ain (territoire d’Izernore, partie nord et reprise partie sud) » », ADLFI, (lire en ligne).
- ↑ a et b Fellague, Ferber et Parent 2015, p. 53.
- ↑ « Le temple », sur le site du musée archéologique d'Izernore (consulté le ).
- ↑ a et b « Temple romain d'Izernore », sur culture.fr (consulté le ).
- ↑ Notice no PA00116413, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- ↑ Raymond Chevallier, « Cinq années de recherches archéologiques à Izernore », Visages de l'Ain, no 96, , p. 23-27.
- ↑ a et b Fellague, Ferber et Parent 2015, p. 52.
- ↑ Baux 1866, p. 47.
- ↑ Fellague, Ferber et Parent 2015, p. 54.
- ↑ Fellague, Ferber et Parent 2015, p. 55.
- ↑ a b et c Fellague, Ferber et Parent 2015, p. 56.
- ↑ Saint-Didier 1837, planche hors-texte.
- ↑ CIL XIII, 02572 MERCVRIO SACRVM (Luc)IVS TVTELLVS ET SVI V(otum) S(olvit) L(ibens) M(erito)
- ↑ Baux 1866, p. 36.
- ↑ Saint-Didier 1837, p. 13.
- ↑ CIL XIII, 02571 MARTI C(aius) VERAT(ivs) GRATVS EX VOTO
- ↑ Alexandre Bérard, « L'emplacement d'Alésia », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. L, no 9, , p. 724-725 (DOI 10.3406/crai.1906.71948).
Annexes
Sur les autres projets Wikimedia :
- Temple romain d'Izernore, sur Wikimedia Commons
Bibliographie
- « Bibliographie générale sur Izernore - Isarnodurum », sur Musée d'Izernore (version du sur Internet Archive) [PDF].
- Jules Baux, Ruines d'Izernore. Rapport à M. Léon de Saint-Fulgent, préfet de l'Ain, sur une fouille opérée en 1863 par les soins d'une commission départementale, Impr. de F. Dufour, , 123 p. (lire en ligne).
- André Buisson, L'Ain, Paris, Les éditions de la MSH, coll. « Carte archéologique de la Gaule » (no 01), , 192 p. (ISBN 978-2-8775-4010-0).
- Isabelle Fauduet, Les temples de tradition celtique en Gaule romaine, Paris, Errance, , 159 p. (ISBN 2-8777-2074-8).
- Djamilla Fellague, Emmanuel Ferber et Daniel Parent (avec un encart de J. Boislève pour les décors peints), « Izernore, retour au temple », Archéologia, no 529, , p. 50-57 (ISSN 0570-6270, lire en ligne).
- Djamilla Fellague, Emmanuel Ferber et Daniel Parent, « Le temple d'Izernore et ses pièces d'architecture », dans Actes du colloque international « Decorazione e architettura nel mondo romano », Rome, 2014, Quasar, , 934 p. (ISBN 978-8-8714-0753-1, lire en ligne), p. 189-206.
- Balthazar-Augustin Hubert de Saint-Didier, Essai sur le Temple Antique d'Izernore en Bugey, Imprimerie de P.-F. Bottier, , 15 p. (lire en ligne).
Articles connexes
- Liste des monuments historiques de l'Ain
- Liste des monuments historiques protégés en 1840
- Église Notre-Dame-de-l'Assomption d'Izernore
- Temple de Mercure
Liens externes
- Le temple sur le site du musée Archéologique d'Izernore
- Ressource relative à la géographie :
- Digital Atlas of the Roman Empire
- Ressource relative à l'architecture :
- Mérimée
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