Très Grand Autel d'Hercule Invaincu

Très Grand Autel de Hercule Invaincu
Image illustrative de l’article Très Grand Autel d'Hercule Invaincu
Vestiges du Très Grand Autel d'Hercule Invaincu dans l'église Santa Maria in Cosmedin.

Lieu de construction Regio XI Circus Maximus
Forum Boarium
Date de construction Royauté romaine
Type de bâtiment Autel
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Carte de la Rome antique montrant la localisation de Très Grand Autel d'Hercule Invaincu.
Très Grand Autel de Hercule Invaincu
Très Grand Autel de Hercule Invaincu
Localisation de l'autel dans la Rome antique (en rouge)

Coordonnées 41° 53′ 20″ nord, 12° 28′ 52″ est
Liste des monuments de la Rome antique
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Le Très Grand Autel de Hercule Invaincu (du latin Herculis invicti Ara maxima[1]) était un autel antique situé sur le Forum Boarium à Rome. Son emplacement se trouve de nos jours dans le rione Ripa.

Historique

Cet autel a été le premier consacré à Hercule. Il fut édifié à Rome avant même le temple d'Hercule Victor. Selon une tradition romaine rapportée par de nombreux auteurs, cet épisode se situe bien avant la fondation de Rome par Romulus. Hercule conduisant le troupeau des bœufs de Géryon a fait étape en ce lieu. Il a tué le brigand Cacus qui habitait dans une grotte de l'Aventin et qui lui avait volé des bêtes. L'autel aurait été édifié par le roi local Évandre, ami et admirateur d'Hercule au point de lui célébrer un culte de son vivant[2],[3]. Les travaux de Filippo Coarelli ont montré l'importance dans la culture italique de cet Hercule conducteur et protecteur des troupeaux, en lien avec l'activité du forum boarium[4].

Pour Jérôme Carcopino et Jean Bayet, le culte romain d'Hercule provenait des colonies grecques d'Italie du Sud. Cette thèse est contestée par Denis Van Berchem, pour qui les servants de ce culte, les Potiti, représentent à Rome une forme de sacerdoce parfaitement étrangère aux habitudes indo-européennes. Ce dernier soutient que l'Hercule de l'Ara Maxima est en fait le Melqart de Tyr[5].

Édification et restaurations

Une première tradition attribue l'édification de l'autel à Évandre[6],[7],[8],[9] ; une deuxième, à Hercule lui-même[10],[11],[12],[13] ; et une troisième, aux compagnons qu'Hercule avait laissés en Italie[14].

D'après Tacite[15], l'autel est détruit par le grand incendie de Rome de [16]. Il est reconstruit[16], probablement sous la dynastie des Flaviens (69 à 96). D'après Festus et Servius, il existe encore au IVe siècle[16]. Il est incorporé au Ve siècle dans l'église Santa Maria in Cosmedin.

Culte

Jusqu'à la fin du IVe siècle av. J.-C., le culte est privé et c'est Appius Claudius Caecus qui le rend public en [17]. Sa dédicace à Hercule, protecteur des troupeaux, souligne l'importance accordée aux bœufs sur le forum[18]. Il pourrait également, si l'hypothèse d'une construction plus ancienne (VIIe siècle av. J.-C.) est retenue, être lié au commerce du sel en provenance de l'embouchure du Tibre[19], dont les circuits de transport par les bergers de la Sabine en transhumance passaient par le forum Boarium[20].

Denis Van Berchem estime que la date du culte devait se situer vers le 20 septembre, à proximité de l'équinoxe d'automne. Il suggère qu'il s'agissait initialement d'une fête agraire, comportant l'offrande de la dîme des récoltes. Elle aurait été suivie d'une seconde fête, début avril, pendant laquelle on célèbrait le « réveil » de Melqart[5].

Localisation

D'après les auteurs antiques, l'autel était situé après les portes du Circus Maximus[21] et à l'intérieur du pomerium de Romulus[22].

L'emplacement de l'autel est connu par les inscriptions des préteurs urbains qui célébraient des sacrifices annuels sur l'autel[23] ; elles ont été découvertes derrière l'église Santa Maria in Cosmedin. L'autel est donc identifié au massif en blocs de tuf volcanique de l'Anio qui subsiste dans les soubassements de l'église[3].

Représentations

Image externe
Ara Maxima (temple de droite) sur District touristique Dea di Morgantina

En Sicile, l'une des mosaïques de la villa romaine du Casale représente le Circus Maximus et, près de celui-ci, trois temples étrusques dont l'un est assimilé à l'Ara Maxima. Une figuration d'Hercule combattant, dans le temple, permet cette identification[24]. C'est la seule proposition de restitution du monument dans son ensemble, pour schématique qu'elle soit, qui semble exister[25].

Il semble qu'il faille assimiler l'Ara maxima à l'Aedes Pompeiana Herculis, nom qui lui est donné après la découverte et la restauration des monuments de Pompéi[26].

Notes et références

  1. Tacite et Juvénal parlent de magna (« grande » en latin) et non maxima (« très grande » en latin).
  2. Tite-Live, Ab Urbe condita, I, 7 ; Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, I, 40 ; Virgile, Énéide, VIII, 269-271.
  3. a et b Coarelli 1994, p. 222-223.
  4. Pierre Gros, « Hercule à Glanum. Sanctuaires de transhumance et développement urbain », Gallia, 52, 1995. p. 313-314 (lire en ligne).
  5. a et b Denis Van Berchem, Sanctuaires d'Hercule-Melqart (suite et fin), Syria. Archéologie, Art et histoire, Année 1967, 44-3-4, pp. 307-338
  6. Tite-Live.
  7. Denys d'Halicarnasse.
  8. Festus.
  9. Servius.
  10. Ovide.
  11. Properce.
  12. Solin.
  13. Virgile.
  14. Macrobe.
  15. Tacite, Annales, p. XV, 41.
  16. a b et c Platner 1929, s.v.Herculis Invicti Ara Maxima, p. 253.
  17. Michel Humm, Appius Claudius Caecus : la République accomplie, Rome, Publications de l'École française de Rome, , 779 p. (ISBN 978-2-7283-1026-5, lire en ligne), p. 385.
  18. Pierre Gros, « Hercule à Glanum. Sanctuaires de transhumance et développement urbain », Gallia, no 52,‎ , p. 313-314 (lire en ligne).
  19. (en) Filippo Coarelli (trad. James J. Clauss et Daniel P. Harmon), Rome and Environs : An Archaeological Guide, Univ of California Press, , 660 p. (ISBN 978-0-520-95780-0, lire en ligne), p. 308.
  20. « L'Art de Rome par F. Coarelli (2006) », L'Express,‎ (lire en ligne).
  21. Servius, VIII, 269.
  22. Tacite, XII, 24.
  23. CIL VI, 312, CIL VI, 315, CIL VI, 317, CIL VI, 318
  24. Torelli 2006, p. 590.
  25. Torelli 2006, p. 592 et 598.
  26. (en) Filippo Coarelli (trad. James J. Clauss et Daniel P. Harmon), Rome and Environs : An Archaeological Guide, Univ of California Press, , 660 p. (ISBN 978-0-520-95780-0, lire en ligne), p. 319.

Voir aussi

Sources littéraires antiques

Bibliographie

  • Filippo Coarelli (trad. de l'italien par Roger Hanoune), Guide archéologique de Rome, Paris, Hachette, (1re éd. 1980), 350 p. (ISBN 2-01-235428-9)
  • [Platner 1929] (en) Samuel Ball Platner (complété et révisé par Thomas Ashby), A topographical dictionary of ancient Rome [« Un dictionnaire topographique de la Rome antique »], Londres, Oxford University Press, (réimpr.  et ), 1re éd., 1 vol., XXIII-608-[57], 25 cm (ISBN 0-19-925649-7, EAN 9780199256495, OCLC 489960483, SUDOC 016162056), s.v.Herculis Invicti Ara Maxima, p. 253‑254 (lire en ligne [htlm]).
  • (it) Mario Torelli, « Ara Maxima Herculis : storia di un monumento », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, t. 118, no 2,‎ , p. 573-620 (lire en ligne).
  • [Richardson 1992] (en) Lawrence Richardson, Jr., A new topographical dictionary of ancient Rome [« Un nouveau dictionnaire topographique de la Rome antique »], Baltimore, Johns Hopkins University Press, , 1re éd., 1 vol., XXXIV-458, 29 cm (ISBN 0-8018-4300-6, EAN 9780801843006, OCLC 466523839, BNF 36669536, SUDOC 003081486, présentation en ligne, lire en ligne), s.v.Herculis Invicti Ara Maxima, p. 186-187 (lire en ligne).
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